Bien que l’auteur se passionne pour des téléphones nettement plus anciens, il m’a paru intéressant de consacrer quelques lignes à un modèle emblématique des années 1970 le S63, ne serait-ce que pour satisfaire la curiosité de nos jeunes lecteurs désireux de redonner vie à ce téléphone vintage qui décore leur loft.


      Nous sommes en 1960 et le téléphone n’est toujours pas la priorité du gouvernement cependant l’administration des PTT consciente de son retard dans le domaine des télécommunications incite les principaux constructeurs à se regrouper sous forme d’une société d’économie mixte qui prend le nom de SOCOTEL (Société des Constructeurs de Téléphone).

       A cette même époque, le CNET (Centre National d’Etude des Télécommunications) désireux de remplacer l’actuel U43 se lance dans l’étude et la conception d’un nouveau poste téléphonique regroupant les derniers perfectionnements en la matière, c’est ainsi que le S63 voit le jour, S comme Socotel et 63 comme l’année de sa conception.

      Commercialisé timidement à partir de 1965/66 ce téléphone gris présente sur le plan matériel quelques innovations à commencer par sa coque en plastique ABS injecté, technologie testée sur les dernières séries de U43, son châssis également en plastique injecté, son câblage sous forme d’un circuit imprimé et sa sonnerie 2 timbres intégrée et réglable. Le cadran est muni d’un cache poussière et sa couronne numérotée est extérieure. A noter également l’apparition d’une version murale ou seule la coque diffère.

      

      Ouvrons maintenant l’appareil et entrons dans le détail de cette première version. Plus de câblage, nous avons à faire à un circuit imprimé, 2 gros condensateurs, quelques résistances, composants et une bobine d’induction qui prend la forme d’un transfo. Jetons un œil sur le schéma généralement collé à l’intérieur de la coque, Peu de différence fondamentale avec celui du U43. La résistance du circuit d’antilocal est découplée par un condensateur, idem pour les résistances additionnelles ce qui améliore la qualité d’audition. A noter également pour limiter les parasites, la présence de 2 diodes tête bêche coté récepteur.

       Voyons maintenant les raccordements : coté combiné, le micro (fils verts) sur les plots 1 & 7, le récepteur (fils bleu & rouge) sur les plots 3 & 5, à noter qu’une inversion est sans importance , idem pour le récepteur supplémentaire sur les plots 2 & 4.
       Coté ligne, L1 le fil blanc sous le plot 13, L2 le fil bleu sous le plot 11 et S le fil rouge sous le plot 17. Si vous souhaitez utiliser une sonnerie extérieure, celle-ci sera connectée coté prise entre les fils bleu et rouge. Penser dans ce cas à ôter le strapp entre les plots 11 & 17.
                  Le cadran ou clavier sera raccordé sur les plots I à IV.
       Plot I: fil rouge     Plot II: fil rouge, blanc     Plot III: fil bleu     Plot IV:  fil bleu, blanc

       Coté mise en œuvre, le seul réglage consiste à déplacer le curseur de façon à s’approcher des 40 ma préconisés.

       Afin de satisfaire la tradition de la version luxe, ce même modèle prend la couleur ivoire et de dote peu de temps après d’un clavier décimal. Puis vers 1972 apparaissent des versions en couleur soit 7 couleurs au total, gris, ivoire, bleu, marron, rouge, orange et noir si l’on se réfère à cette publicité de CTD (Depaepe). Outre le gris, Seul 4 couleurs seront retenues par l’administration.
      Progrès technique oblige,le modèle évolue. Plus besoin de réglage. Le curseur et les résistances additionnelles disparaissent au profit d’un CTP. Les condensateurs diminuent de volume. A noter également l’apparition furtive dans les toutes nouvelles boutiques de France Télécom et ce à des fin de démonstration d’une version transparente.

       Vers 1978 apparait une nouvelle version d’aspect identique aux précédentes, elle diffère par sa sonnerie 25/50 Hz nettement plus puissante et réellement réglable et un clavier à fréquence vocale afin de bénéficier des services supplémentaires offerts par les premiers centraux électroniques et l’apparition d’un 4eme fil (jaune) dans les branchements. Fil, destiné à supprimer les tintements de sonnerie lors de l’utilisation de plusieurs postes identique sur une même ligne.


       A signaler également l’existence d’une version entièrement électronique baptisée poste PCR (Poste à Courant Réduit) et destinée à être utilisée sur des lignes téléphoniques extrêmement longues. Petite anecdote, dans ce modèle, le micro est en réalité une capsule réceptrice utilisée en micro dynamique.

       Autre version qui tient un peu du bricollage et pourtant comercialisée par France Télécom dans les année 1980, version destinée aux personnes agées ou dépendante
Dans ce modèle, l'appel se limite à 2 numéros préenregistrés à l'aide de ce bizare clavier masqué par un cache.

       Voila pour ce qui est du modèle « administratif ». Bien évidemment on rencontrera quelques variantes comme ce modèle Télic utilisé dans un hôtel et ou non seulement le clavier a pris une forme spartiate mais également la sonnerie à été remplacée par un petit ronfleur, prix de revient oblige…